Le karst souterrain et ses temporalités : vecteurs de dialogues interdisciplinaires. Discussion autour des notions d’instants, d’archives, de mémoires et d’indicateurs
Résumé
Cet article a pour premier objet une lecture de l’ensemble des travaux de Richard Maire et de leurs contributions à l’évolution de la karstologie francophone depuis les années 1970. Par la place qu’il a donnée à l’étude des formes et des dépôts souterrains, Richard Maire a changé le regard sur le karst et a déplacé les problématiques de recherche vers la compréhension du relief souterrain en tant que vecteur d’informations sur le climat, l’environnement et les sociétés. De l’ensemble des travaux de R. Maire, depuis ses tout premiers sur le karst du Haut Giffre jusqu’à ses tout derniers en Chine ou en Afrique du Sud, ressort un puissant dénominateur commun : celui des temporalités inscrites dans l’endokarst, du temps géologique à celui des sociétés actuelles. Cette question du temps interroge tout chercheur travaillant sur l’évolution du relief, des paysages et des territoires et les processus en jeu. Si cette question n’est pas abordée de la même manière selon les champs disciplinaires, elle est assez peu discutée dans les travaux scientifiques.Le second objectif de l’article est une invite à la discussion des notions associées au temps : celles d’instant, de mémoire, d’archive, d’évolution… Celle-ci est organisée autour des notions d’archives, de mémoires et d’indicateurs associées aux états de paroi en tant qu’indicateurs des évolutions spéléogéniques, karstogéniques, paléographiques mais aussi des fréquentations animales et humaines depuis la Préhistoire à nos jours. Cette discussion est organisée autour de la grotte Chauvet (Ardèche) qui a fait l’objet d’une recherche pluridisciplinaire et qui rend compte des approches aujourd’hui privilégiées pour aborder les différentes composantes environnementales en les intégrant dans un même modèle d’analyse et d’interprétation.