Patrimonialiser le visible et l’invisible ? Réflexions croisées autour de la ressource patrimoniale et de l’usage des archives géohistoriques. Le cas du complexe hydroélectrique de Tré-la-Tête - La Girotte - HAL-SDE - Sciences de l'environnement Accéder directement au contenu
Communication Dans Un Congrès Année : 2016

Patrimonialiser le visible et l’invisible ? Réflexions croisées autour de la ressource patrimoniale et de l’usage des archives géohistoriques. Le cas du complexe hydroélectrique de Tré-la-Tête - La Girotte

Résumé

Le complexe hydroélectrique de Tré-la-Tête la Girotte, situé sur les départements de la Savoie etde la Haute Savoie, joignant de manière artificielle les bassins versants du Rhône et de l’Isère,connait depuis 2013 une dynamique de patrimonialisation. Cette dernière est née sur la Communedes Contamines-Montjoie suite aux démantèlements de certaines installations obsolètes parElectricité de France (EDF), opérateur de ce système productif. Ces démantèlements, répondantà des exigences de sécurité pour l’entreprise, ont conduit à la suppression de la plupart des tracespaysagères de cette activité industrielle, permettant par la même occasion de satisfaire à la volontéde « re-naturaliser » les paysages de la Réserve Naturelle. Toutefois, l’effacement de ce qui étaitconsidéré comme des « points noirs paysagers » (Mountain Wilderness, 2002), a suscité la réactiondes habitants des Contamines dont les trajectoires de vie ont été liées, directement ou à traversleur histoire familiale, à la construction des différents ouvrages. Une réflexion s’est alors engagéeentre les habitants et les acteurs du territoire sur la patrimonialisation de l’hydroélectricité dans laRéserve Naturelle, lui reconnaissant une valeur historique (histoire économique et des techniques),culturelle et paysagère. La réflexion porte sur les formes prises par ce patrimoine sur les territoires où fonctionne ce systèmeproductif, à la fois visible (avec l’emblématique barrage de la Girotte) et invisible (galeries souterraines,prise d’eau sous-glaciaire, infrastructures démantelées), matériel et immatériel (récits de vie). Lamise en valeur de ce patrimoine est difficilement réalisable sous une forme classique car les élémentsiconographiques et les archives sont relativement réduits et ne concernent que le barrage lui-même.L’approche géohistorique, perçue comme l’étude des rapports dialectiques entre l’évolution desmilieux naturels et l’évolution des sociétés humaines permet de confronter échelles spatiales ettemporelles et d’initier une recherche pluridisciplinaire partageant la conviction que la dimensionspatiale des sociétés ne peut se concevoir sans sa dimension temporelle et réciproquement.Appliquée à un passé proche dont les acteurs et les témoins sont encore présents, elle permetd’élargir l’analyse de la construction du paysage et du territoire hydroélectriques et l’hybridationentre patrimoine culturel et patrimoine naturel. La « parenté conceptuelle » entre le patrimoine et leterritoire (Di Méo, 1988) se combine ainsi à leurs dimensions temporelles, la géohistoire étant alorsun outil intéressant pour comprendre la construction patrimoniale et permettre sa valorisation. Notre travail se fonde sur l’utilisation de « sources historiques» (documents photographiques, cartesanciennes, film), de «sources géologiques» (archives sédimentaires prélevées dans le lac du barrage)et de témoignages (enregistrements sonores). Les sources historiques et témoignages permettentde reconstituer la mise en place d’un complexe qui a vu se succéder entre 1904 et 1962 plusieursphases de travaux, porteurs de grandes innovations industrielles (première station de transfertd’énergie par pompage dans les Alpes du Nord) ; or la place prise par le barrage de la Girotte dansle paysage et dans les représentations a souvent fait écran aux autres éléments restés méconnus.De leur côté, les archives sédimentaires lacustres enregistrent des changements environnementaux(via des analyses sédimentologiques et géochimiques) que l’on peut associer aux différentes phasesd’aménagement et d’utilisation du lac ou à des changements d’origine naturelle. Notre approche, innovante par les sources qu’elle combine, permet de révéler de manière originalecet héritage industriel, en intégrant divers « point de vue » et notamment celui des sédiments, encorejamais utilisés, à notre connaissance, dans un tel but. La visibilité et la matérialité partielles ducomplexe hydroélectrique de Tré-la-Tête - la Girotte ont inspiré le développement d’une telleapproche croisée afin d’analyser l’évolution historique des configurations territoriales et d’apporterdes outils appropriés pour valoriser ce patrimoine unique. La révélation de cet héritage industriel etla construction d’un patrimoine par le couplage de ces sources mettent aussi au jour un territoirepropre à ce paysage de l’hydroélectricité : en effet, les galeries de transfert mettent en relation deuxmassifs, deux vallées et deux départements de part et d’autre du col du Joly. Dès lors se poseaussi la question de la territorialité de la ressource en eau, du paysage et d’un patrimoine qui n’estqu’en partie visible et dont plusieurs éléments constitutifs restent soustraits aux regards
Fichier non déposé

Dates et versions

hal-01890852 , version 1 (09-10-2018)

Identifiants

  • HAL Id : hal-01890852 , version 1

Citer

Marie Emilie Forget, Christophe Gauchon, Charline Giguet-Covex. Patrimonialiser le visible et l’invisible ? Réflexions croisées autour de la ressource patrimoniale et de l’usage des archives géohistoriques. Le cas du complexe hydroélectrique de Tré-la-Tête - La Girotte. Géohistoire, Oct 2016, Toulouse, France. ⟨hal-01890852⟩
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